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Quel cinéma !

C’est bien évidemment du « Paradis » qu’il est ici question.

Ce blog s’était prononcé en juin dernier contre la reprise du cinéma en régie municipale, avait dénoncé les affabulations de Mme la Ministre de la culture en séance du conseil municipal faisant état d’un conseil donné par le Centre National du Cinéma (CNC) pour ce mode de gestion et d’une étude comparative avec le cinéma de l’ile d’Yeu qui n’ont jamais existé hors son imagination à l’évidence fertile de scénariste (voir billet «Scénario improbable» du 11 juillet 2015).

Outre la dénonciation d’un coût de rachat inexplicablement élevé d’un fonds de commerce forcément sans valeur dès lors que personne d’autre n’en voulait, ce blog s’était aussi alerté du caractère irréaliste des prévisions budgétaires établies par Mr le Ministre des finances.

Depuis, les communiqués faits par voie de presse par la municipalité n’ont eu de cesse de faire valoir le magnifique succès que serait en réalité ce lancement d’un cinéma communal, Mr le Maire s'étant aussi félicité lors du conseil municipal du 8 décembre dernier de ce que « après 5 mois d'exploitation, le choix de gérer (cette) activité en régie s'est avéré pertinent ».

Nous avons bien eu quelque inquiétude en constatant, une fois de plus, que le premier réflexe communal était de procéder à de nouvelles embauches, en contradiction totale avec l’affirmation faite au conseil du 22 juin de ce que 1,5 ETP (équivalent temps plein) suffisait au bon fonctionnement du cinéma, affirmation qui n’était d’évidence que circonstancielle car, Mme la Ministre de la culture se fût-elle véritablement intéressée au cinéma de l’ile d’Yeu, elle eut constaté qu’il mobilisait 3 ETP.

La municipalité et la Ministre de la culture ayant aussi qualifié de magnifique succès « Les musicales de Quiberon » (opération soldée par un résultat catastrophique de 2 900 € de recettes pour 120 000 € de dépenses et plus de 500 entrées gratuites offertes au double frais du contribuable quiberonnais à d’autres que lui), il nous subsistait pourtant quelques doutes quant à la réalité des 16 000 entrées évoquées en fin d’année par Mr le Maire.

Les entrées devant faire l’objet d’une déclaration officielle au CNC, nous étions malgré tout prêt à faire repentance pour nos mauvaises pensées, confesser nos erreurs dans l’évaluation que nous avions nous même fait du potentiel commercial du cinéma municipal « Le Paradis » et reconnaître à Mr le Maire le droit qu’il avait de qualifier de « réussite » la « reprise du cinéma par la commune » comme il le fit lors de la cérémonie des vœux.

Nous étions aussi prêts à présenter nos excuses les plus contrites à Madame la Ministre de la culture au vu du chiffre stupéfiant de 2087 spectateurs en février récemment évoqué dans la presse, chiffre aussi stupéfiant que le serait l’affirmation, par un fabricant d’œufs de Pâques , qu’il vend la majorité de sa production au 15 août.

Il se trouve cependant que le Débat d’Orientation Budgétaire du dernier conseil municipal et l’ordre du jour du prochain laissent planer un doute dans notre esprit.

Chacun a pu lire ailleurs que, lors du dernier conseil, des budgets avaient été évoqués en millions d’euros alors qu’il ne s’agissait en fait que de milliers d’euros.

Se pourrait-il que se trouve là la raison de cette si évidente erreur d’appréciation concernant le « succès » des « Musicales de Quiberon ». Se serait-on trompé dans les dépenses ? Le véritable bilan ne serait-il pas de 2 900 € de recettes pour 1 200 € de dépenses ? Après tout, la mairie n’est-elle pas sous influence de marchands de tissu habitués à ce genre de culbute ?

A moins, plus tristement, que l’on ne sache pas compter en mairie.

Le constat est en effet que le budget 2015 supposément en équilibre du cinéma « Le Paradis » voté en juin s’avère ne plus l’être en mars 2016, que les recettes attendues pour 105 500 € ne sont que de 85 474 €, soit un écart défavorable de -19% et que le déficit constaté est de 9 022 € à hauteur de plus de 10 % des recettes. Quel aurait donc été ce déficit si le nombre d'entrées n'avait pas été miraculeusement élevé ?

Au vu de ces chiffres tirés du compte budgétaire annexe du cinéma tel que présenté au dernier conseil, peut-on soutenir vraiment, comme cela a été fait par Mr le Ministre des finances dans Ouest France du 5 mars que le « cinéma (a) montré de beaux résultats, ce qui est important puisque (c’est) une activité marchande » ? Pour le coup, Mr le Ministre des finances aurait quelques leçons à prendre de ces administrés si choyés que sont les commerçants quiberonnais sur le but d'une activité marchande qui n'est certainement pas de produire un déficit.

Sur cette question du cinéma, le plus ahurissant reste toutefois à venir.

En effet, figure à l’ordre du jour du conseil du 29 mars prochain un budget primitif pour 2016 faisant état de recettes prévisionnelles de fonctionnement de 592 091,16 €, soit un budget près de 7 fois supérieur au réalisé 2015.

Certes le budget 2015 n’était que d’un demi-exercice, incluant toutefois la haute saison touristique en totalité, mais, sur la base du tarif ordinaire de 8 € par entrée ces recettes prévisionnelles 2016 représenteraient la bagatelle de 74 000 entrées. A supposer un prix moyen de 85 474€/16 000 = 5,34 € (recettes 2015/ nb entrées revendiquées en 2015) ces recettes prévisionnelles 2016 représenteraient plus de 110 000 entrées, près de 4 fois plus que l’objectif évoqué l’an passé de 28 à 30 000 et près de 10 fois plus que les derniers chiffres supposés du cinéma Le Ciné.

Si tel était le cas, ce ne sont plus des excuses qu’il nous faudrait fournir à Mr le Maire, Mme la Ministre de la culture et Mr le Ministre des finances ; il nous faudrait reconnaître l’extraordinaire capacité qui serait donc la leur à transformer le plomb en or et faire taire à jamais ce blog indigne qui n’est sorti de son long silence que pour soutenir la pétition pour Henri, «le Quiberonnais qui ne veut pas d’une route dans son jardin » .

Affaire à suivre donc avec des explications à demander lors du prochain conseil du 29 mars tant sur ce niveau de recettes totalement inespéré que sur celui de l'explosion des dépenses de ce budget, elles malheureusement plus certaines tant on voit à travers cet exemple comment se construisent les budgets dans les collectivités territoriales : empilage d'un catalogue de dépenses d'un côté puis par la magie d'une simple écriture de l'autre côté présentation d'un budget à l'équilibre inévitablement éphémère.

Jo Le Tacaud

PS 1:

Il a été demandé à Mr le Maire, dans le cadre du droit à communication des documents administratifs et concomitamment à la publication de ce billet, copie des bordereaux de recettes transmis au CNC pour 2015 afin de déterminer d’une part le niveau réel des entrées en 2015 et d’autre part la composition du prix moyen de ces entrées au cinéma « Le Paradis ». Nul doute, eu égard au souci toujours réaffirmé par lui de transparence et de respect de la loi, qu'il nous adressera ces documents.

PS 2 :

S'agissant du soutien à apporter à Henri, le « Quiberonnais qui ne veut pas d’une route dans son jardin », la pétition est à signer ci-après :

http://www.petitions24.net/soutien_a_henry_quiberonnais

Pour tous les Quiberonnais qui n'auraient pas compris l'importance du soutien à apporter à Henri telle qu'exprimée dans nos précédents billets, qu'ils retiennent seulement :

  • qu'ils seront demain concernés, s'ils sont propriétaires,
  • que s'ils ne sont pas expropriés eux-mêmes, ils subiront une dévalorisation inévitable de leur bien provoquée par une production excessive de résidences secondaires (2 constructions de résidences secondaires pour un logement "social" dans les programmes), alors même que le marché des résidences secondaires est déjà mis à mal par le matraquage fiscal des classes moyennes et le bas prix des vacances en pays exotiques,
  • que le prix de référence maximal à 150 €/m2 qu'a déclaré vouloir imposer Mr le Maire, face au reproche qui lui était fait de vendre à ce prix des terrains alors que des acquisitions avaient été faites à 250 €, non seulement spoliera les expropriés mais pèsera aussi inévitablement sur la valorisation du bien de ceux qui ne le sont pas,
  • que Mr le Maire qui s'indignait hier,en les jugeant très insuffisants, des prix de cession par la municipalité des terrains rue des Maronniers et au Goviro pour financer la dispendieuse esplanade du centre ville se satisfait aujourd'hui d'un prix deux fois moindre.

Pour tous les Quiberonnais qui n'auraient malgré cela pas encore admis l'importance du soutien à apporter à Henri, qu'ils se posent aussi ces quelques questions :

  • le prétexte de l'emploi pour les opérations envisagées est-il fondé alors que d'une part Quiberon est une des rares communes où il y a plus d'emplois que la population active ne peut pourvoir et que d'autre part l'échec total d'un récent forum pour l'emploi à Quiberon démontre, s'il en était besoin, que le taux de chômage élevé à Quiberon résulte, encore plus qu'ailleurs, du hiatus existant entre le niveau élevé des minima sociaux et l'indigence des rémunérations proposées par tous ces marchands de soupe, de tissu et de sommeil ?
  • le contribuable quiberonnais doit-il, par exemple, contribuer au financement de logements sociaux pour la douzaine d'employés d'un hôtelier restaurateur tirant d'eux, en sus du salaire qu'il s'octroie, un bénéfice presque égal à la totalité des salaires nets annuels de ces employés voire au double de la totalité de leurs salaires saisonniers? Ne reviendrait-il pas plutôt à ce restaurateur soit de rémunérer ses employés de manière à ce qu'ils puissent se loger, soit d'apporter lui même une solution à leur problème de logement ?
  • à quels prix ont été vendus les terrains de la maison de santé et de l'opération immobilière en cours rue de Kervozes, combien de logements sociaux ont été inclus dans ces deux opérations ?
  • le principe d'égalité, à valeur pourtant constitutionnelle, est-il respecté en ces affaires ?
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